Il semble que la discussion autour de l’HADOPI mélange souvent deux débats occasionnant des incompréhensions mais surtout des positions d’opposition associées à des convictions individuelles. J’en veux pour preuve une discussion (à bâtons rompus) de ce week-end où si nos points de vu objectifs quant à la lois en elle-même, son inaplicabilité et ses incoherences étaient partagées, nous avons vite dérapés sur le sujet de la rémunération des auteurs. J’ai en effet l’impression que cet aspect revêt un caractère irritant dans le débat et le polue régulierement au point d’en oublier l’essentiel : l’atteinte de nos libertés individuelles profondes et je ne parle pas de la copie, mais bien de la présomption de culpabilité ou l’accès à l’Internet (incluant le téléphone et la télévision… bref l’accès à l’Information).
Pour vous expliquer ce point de crispation, c’est celui qui cristalise la conversation, au moment où vous apportez l’idée que d’entendre des millionnaires se plaindre de leur baisse de revenus vous irrisse au plus haut point, vous sortez du débat d’actualité pour entrer dans le monde des convictions me semble-t-il. Les positions deviennent alors fermées, la bataille rangée et les arguments sans la moindre valeurs, les aspect factuels etant inéxistant dans un domaine idéologique.
Pour résumer les deux positions idéologiques dont nous parlons, je dirai qu’il y a deux mondes : celui considérant que le travail mérite un salaire à la hauteur de l’effort réalisé (incluant le risque, les responsabilité, la pénibilité…) et celui reconnaissant le talent comme une valeur supérieure inestimable bien au dessus du travail.
Le debat sur le respect du droit d’auteur tourne généralement autour de cette notion, c’est un peu l’idée de la license globale finalement, qui determine un prix pour l’ensemble du travail des auteurs, les laissant libre de se repartir la mane à leur guise et le système actuel basé sur la reconnaissance d’un talent (certe discutable devant la star’ac) qui remunère la consommation (par l’écoute) et non la production. [Tout le monde ne partagera sans doute pas cette analyse… et je reconnais que c’est un raccoursis de choses bien plus complexes, mais le fond me plait]
HADOPI ne traite pas de ce point là même mais seulement de la façon dont on peut faire respecter le système de repartition actuel, cette question sur le fond est donc un phénomène irritant qui cristalise les opinions et les débats. Discussion qu’il ne faudrait pas ouvrir pour ne pas poluer le débat, rester dans le rationel et faire de cette lois une chose applicable et utile à la société. J’écris celà à l’attention des 5 gus dans leur garage que je pense faire partie d’une mouvence libre à laquelle j’appartiens moi aussi. Je pense que nous sommes, sur ce débat cablés, différemment et je vais maintenant m’adresser aux adorateurs de talents pour leur présenter les bases de ma (notre?) pensée à ce sujet. J’y espere de la compréhension et non de l’adhésion.
Je vais procéder par fondements:
– Le talent n’est pas un domaine reservé à la culture : chacun est talentueux car dans tous les métiers le talent existe. Le talent n’est en rien reservé à la culture il s’exerce dans chaque métier : du prof qui arrivera à enseigner son cours là où d’autres en sont incapables, de l’informaticien qui créera un programme plus performant, au chef d’entreprise qui mieux que quiquonque menera ses équipes au succes… Beaucoup possèdent un talent hors norme. Leur traitement ideologique est cependant totalement distincts, certains sont inestimables (auteurs, sportif) les autres n’ont pour valeur que celle du travail. A chacun de decider s’il reconnait des talents supérieurs.
– Le marketing est le talent supérieur que je reconnais : Il y a longtemps que la reconnaissance du talent est morte et enterrée, c’est le marketing qui aujourd’hui crée la valeur. Rare sont les exceptions où un talent surgit de lui même dans notre monde, il y a bien longtemps qu’il vaut mieux etre “fils de” ou faire une emission TV pour ado pour être reconnu. Comme par le passé les personnes talentueuses meurent souvent dans la misère ; c’est un fait leur talent n’est compris que bien apres. Le système en place est corrompu, emprunt d’inégalités.
Les personnes qui comme moi contemplent le monde egemonique de Microsoft depuis leur plus tendre enfance comprendront sans doute mieux comment un système de type libre est la seule réponse égalitaire connue, éprouvée, reconnaissant vraiment le talent et ce à une plus juste valeur.
– Le systeme actuel est destructeur de créativité : par ce systeme de copinage, de frilosité, d’appât du gain à court terme, la majeure partie de la production intellectuelle disparait à sa création ou ne sortira jamais de la tête de son auteur. Sans reconnaissance, pas de moyens, sans moyens, pas de creation. Au final, seuls ceux qui vendent continuent à vendre plus. On markète le produit pour qu’il plaisent à la masse, on n’essaie pas les nouvelles voies.
– La juste remunération : dans le monde du travail les remunerations sont basées sur des grilles globalement cohérentes vis à vis des responsabilités, des compétences/talents requis. Les facteurs sont de l’ordre de la dizaine entre les bas et hauts salaires. Hors il existe certains domaines comme celui de la culture (et d’un certain patronat) dans lesquels les facteurs sont de l’ordre du milier. Il est cohérent semble-t-il de se demander si celà à un sens et si ce n’est pas un danger pour notre société. Certains y voient un moteur au travers de l’espoir, et du rève engendré sur la masse, moi je n’y vois qu’une injustice et une inégalité non emprunte de bon sens et loin de mes valeurs.
Ce sont pour ces raisons que je n’accepte pas de sur-rémunérer les auteurs (et encore moins leurs enfants 70ans plus tard) , pour cela que je reve d’un monde différent que je ne saurais décrire. Dans le monde informatique, le logiciel libre m’a apporté la réponse à mes attentes au point de payer la license de mon logiciel libre (license correspondant à un service rendu)… J’attends que de tout celà surgissent une réponse dans le domaine audio-visuel car c’est bien celà qui s’il ne justifie pas, explique la copie.